Les doubles standards

doubles standards - Janie Duquette

Le sens des responsabilités

D’aussi loin que je me connais (lol!), je n’ai jamais été portée sur la victimisation. La faute des autres, la faute de la société, la faute du gouvernement, très peu pour moi! 
Et je sais que bien des femmes (et hommes) sont comme moi. Quand on réalise qu’il y a un problème, on l’examine, on regarde ce qu’on a fait pour que ça nous arrive, et on trouve une solution.  C’est peut être ce grand sens de la responsabilité individuelle qui fait que l’on se sent souvent coupable mais bon, ce n’est pas exactement de culpabilité dont je veux parler aujourd’hui. 
 
Le bon côté de notre sens aigu de la responsabilité c’est que la responsabilité, c’est le premier pas à faire quand on marche vers la prise de pouvoir. On parle de femmes, on parle d’empowerment, et bien la bonne nouvelle, c’est que la responsabilité de nos gestes, de nos comportements, de notre influence sur ceux qui nous entourent, on connaît ça. On en saisi le sens et la portée. Car ce qu’on fait a de l’impact. Ce qu’on EST aussi donc, a de l’impact.  

Les doubles standards

Quand j’ai commencé à m’intéresser au leadership féminin, c’est sur que je me suis d’abord penchée sur les doubles standards, sur ce qui fait que la route est plus difficile pour les femmes que pour les hommes quand on exerce un rôle de leader. ​​C’est une problématique liée aux perceptions, donc aux autres.
On perçoit un homme qui exerce sont leadership comme déterminé, persuasif, travaillant, comme ayant de l’assurance. Une femme qui pose les même gestes risque d’être perçue comme agressive, bornée, égoïste, parfois même vantarde et carriériste.
Cette perception, et les critiques qui viennent avec, freine bien des femmes; leur enlève l’envie de prendre leur place, de donner leur opinion, de diriger des grands projets.  Comme je suis du type plutôt responsable, je me suis demandée si nous n’avions pas notre part de responsabilité face à cette perception négative? 

La perception

Je suis une leader naturelle donc disons que je n’ai pas vécu avec la peur de prendre ma place, ou d’énoncer mes idées. Cependant, j’ai appris à vivre avec le fait que cette partie de ma personnalité soit critiquée. Comme on dit, j’avais intégré que  »Somehow, there was something wrong with me” (qu’il y avait quelque chose en moi, qui clochait).
Au primaire et au secondaire, certaines de mes profs me traitaient de « bosseuse’’, et j’avais parfois à répondre à des détracteurs, gars et filles, qui testaient mon caractère. J’ai peut être pensé que ceci ne m’affectait pas à l’époque car mes notes à l’école étaient très bonnes, ma performance en sport et en art aussi. J’étais une hyper performante.
Mais personnellement, je comprends aujourd’hui que j’étais affectée. Étant la cible de critiques, ça affectait mon estime de moi. Je ne pouvais pas mettre le doigt sur ce qui clochait alors je le prenais ‘personnel’.  Je me disais que c’était de ma faute, que j’étais imparfaite et que les critiques avaient probablement raison.

Voici donc la première portion de réponse: nous portons en nous, cette perception négative.
Parce que depuis longtemps, ce qui est féminin, n’est pas perçu comme étant ni fort, ni porteur, ni gagnant. Et quand le féminin se déploie, prend sa place, ose briller, il est critiqué, diminué parfois humilié.
Cette croyance (erronée) est ancrée en nous. Elle nous limite, elle nous fait avoir parfois même honte d’être nous même, d’être sensible, d’être émotive, d’être différentes des hommes. J’avancerais même que ça limite aussi les hommes à déployer leur côté féminin, à réprimer une part d’eux même.
Le féminin n’est pas faible. Cette perception est fausse. Alors pourquoi on ne se débarrasserait pas de nos propres préjugés envers cette portion de nous même?  Le féminin est aussi important que le masculin. Dans la nature, le féminin et le masculin se complètent, et tout est en équilibre. On a besoin du féminin, on a besoin des femmes, il faut se LIBÉRER de cette croyance pour pleinement ÊTRE qui nous sommes. 

Une des raisons pour lesquelles cette publicité nous touche autant, c’est qu’elle nous permet de nous libérer de nos complexes. Ce qu’il y a de croche chez moi ce n’est pas croche finalement, c’est simplement différent. Et peut être beau aussi…

L’authenticité

Deuxio, puisqu’être femme nous a parfois fait honte, parfois on se transforme, on se déguise. On se déguise en personnage qui a des COMPORTEMENTS plus masculins car c’est le seul exemple de pouvoir (et de succès) que l’on connaît. Mais ce déguisement, cette mascarade, elle n’est pas tout à fait authentique.  
Je pense que cette portion de nous même qui n’est pas authentique CONTRIBUE au malaise crée par le comportement d’une femme en position de pouvoir. Car dans cette perspective, c’est le faux qu’on rejette. C’est le mensonge que les gens ressentent et c’est le malaise face au mensonge qu’ils expriment.  Difficile de ne pas faire un lien avec la campagne électorale d’Hillary Clinton. ‘’Menteuse’’ était le qualificatif qu’utilisaient plusieurs des critiques envers elle, surtout celles venant des femmes.
Car quand une femme joue faux, les femmes le perçoivent plus facilement…
Je l’avoue d’emblée j’ai ‘’joué un rôle’’ de composition, plutôt masculin, à plusieurs moments dans ma carrière. Tout n’était pas faux, j’aimais réellement les sports et le hockey, j’étais compétitive et je pouvais boire de la bière avec les boys et avoir beaucoup de plaisir.
Par contre, quand je mettais mon costume de ‘caporal’, qui voulait imposer l’autorité comme mes patrons masculins le faisaient, je sonnais faux. Je manquais aussi de conviction ou de tact parfois car je savais que si j’imposais quelque discipline que ce soit, j’allais être critiquée.
J’attendais inévitablement les contre coups. Ça me mettait de mauvaise humeur, je méritais sans doute une part des remontrances qu’on faisait à mon sujet sur ce point.


La solution responsable? Assumer son féminin, son leadership. Célébrer notre différence plutôt qu’en avoir honte. C’est d’abord nous qu’il faut affranchir.
La nouvelle croyance: ÊTRE une femme: c’est important. ÊTRE au féminin: c’est gagnant.  Notre différence est importante car elle contribue à équilibrer les forces. En ALLIANCE avec les forces masculines. Pour mieux se sentir d’abord mais aussi pour mieux servir, mieux contribuer. Ensuite, se débarrasser des costumes, des convenances, des modèles qui ne nous ressemblent pas. Se donner la LIBERTÉ d’être AUTHENTIQUE, c’est une prise de conscience et de pouvoir qui est à portée de main!  

Pour cesser de dire: C’est de ma faute, à moi!
Il faut prendre le pouvoir et dire: C’est GRÂCE, à moi! 

Je réalise que c’est plus facile à dire qu’à faire. Moi même j’ai cheminé, j’ai travaillé fort pour transformer mes croyances et me réapproprier mon pouvoir. C’est ce que je raconte en détails dans: Les 7 clés du leadership féminin, Diriger avec la Tête et le cœur et ce que nous continuerons d’explorer au cours des prochaines semaines.

Si vous connaissez quelqu’un qui peut être touché par le contenu du présent billet, n’hésitez pas à le partager. Si le message vous interpelle, propagez-le, ça fait du bien de faire le bien 🙂

Janie xxx